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Un passé, un regard, un échange

L'heure de la récré

L'heure de la récré.

1950

La Communale renferme dans ses registres un large épisode de notre enfance. C'est le temps de premiers vrais copains, des complicités, des bouderies , des échanges, des trahisons. On s'affublait de sobriquets cruellement évocateurs : le pèque (le petit), bouboule, zinga-zanga (le boiteux), pif, colique, le nimbus (le déjanté)… On s'alliait aussi contre l'adversaire pour se distribuer, dans les moments chauds, quelques moques(coups).

Dans cet univers d'apprentissage, prisonniers de séquences éducatives magistrales que nous dispensaient des maîtres consciencieux mais muselés par le poids de programmes ambitieux, les écoliers ne trouvaient aucune place à la contestation, très peu à la fantaisie. Rien d'étonnant, alors que la créativité juvénile s'exerçat surtout dans les jeux et le cadre étroit de la cour de récréation.

Une bobine de fil aux rebords crantés par la lame d'un canif, deux allumettes, un élastique suffisaient à notre imaginaire pour figurer un tracteur ou un char d'assaut. Avec un bouchon de liège évidé et quelques épingles à tête chapardées à nos mamans, nous élaborions une cage à mouches, capturées habilement d' un rapide tour de main et livrées, sans remord, les yeux grandement ouverts, à des araignées gloutonnes, tapies au fond de la toile. Les palosques, noyaux de cerises lavés et colorés grâce à l'encre rouge et violette de nos pupitres, remplaçaient les billes de verre chez les plus démunis. On frottait encore le noyau d'abricot contre le crépis irrégulier des façades jusqu'à le percer de part en part pour devenir un sifflet .L'embouchure en fonte des cheneaux, la gorgue, servait de point départ aux poursuites de billes, à travers un parcours sinueux tracé sur le sol, à la craie. : « Trou…bosse…planche…esse… », les osselets claquaient sur le pavé à l'entrée des salles de classe, dirigés par des doigts experts et ces commandements impératifs. Des parties animées qui pouvaient conduire à de vives algarades, parfois des prises de col, promptement réprimées par l'adulte, mais que nous jurions poursuivre plus tard…  « à la sortie, dans la rue ! » .

Quelquefois, au printemps, à l'apparition des premiers rayons du soleil, et principalement le mercredi après-midi, notre instit nous conduisait à la Plantade. Là, dans un espace verdoyant et enfin élargi, avec la force de nos poumons et La souplesse de nos jeunes jambes, nous libérions nos cris et notre plein d'énergie trop longuement contenus.

Cerise sur le gâteau, le samedi après-midi, si ma mémoire est bonne, une projection cinématographique mensuelle nous proposait les burlesques tribulations de Charlot, Laurel et Hardy ou autre Buster Keaton. Dans un brouhaha inhabituel et partiellement autorisé, une hilarité collective s'emparait de nous, qui promettait, au sortir du spectacle, une reprise en main… musclée.

Certains maîtres, moyennant une faible rétribution parentale, assuraient après la classe et auprès d' élèves en difficuté, une heure d'étude consacrée en priorité, aux devoirs du lendemain. La rigueur n'excluait pas l'humain, l'école et la maison allaient dans le même sens.

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