Le Faubourg, 20 ans plus tard

22 ans séparent Henri et Yves et cependant, hormis le nom des commerçants, rien n'a vraiment changé dans leur perception du Faubourg : la rue des St. Simoniens où vit toujours la mère de ce dernier, l'école Voltaire et sa cour de récré, avec les mêmes jeux...osselets, billes, ballons de foot ou rugby, plombette avec les soldats de plomb. "Il y a dans ce quartier quelque chose de particulier, d'indéfinissable, expose Yves, avec une pointe de mystère, un rituel dans la façon d'aborder nos jeux d'enfants, une atmosphère de complicité et de partage... Les habitants ont toujours été très liés et souvent ont fait preuve d'une grande solidarité."Une émotion transpire dans sa voix... mais peut-être n'est ce que le fruit de mon imaginationromanesque, son regard se mouille. Les boutiques défilent en accéléré: l'épicerie GUILLOT de la rue Chanzy, le bistrot San PIERO, la boucherie HUND, la boulangerie de Mme PORTALES, la patisserie MARINOT  (qu'ils me pardonnent mon orthographe incertaine)..."Ah, oui, il y avait aussi le cinéma LYNX qui passait des westerns sanglants et moralisateurs, le marchand de cycles RIBIERE, le coiffeur Louis VERGNES et l'épicerie MONTAGNE, où avant la rentrée des classes, nous remplissions nos poches de sucreries...les fameuses réglisses  têtes de nègre, et les caramels que nous chapardions pendant qu'un complice focalisait l'attention de l'épicier sur le machiavélique comptage d'une trentaine de petits bonbons à la fraise!"  Tranquille, Yves!... je t'assure, aujourd'hui, il y a prescription!! Ta rouerie faubourienne ressemble terriblement à la notre. "Franchi le Pont Vieux, le Centre St.Jude était tenu par des religieux et servait de lieu de rencontre aux jeunes. On y pratiquait des parties de baby-foot ou de flipper. Lors des inondations, nos craintes n'étaient pas calquées sur celles des adultes, tout juste limitées à la surveillance du  niveau de montée des eaux. Serait-il suffisant à nous octroyer...deux ou trois jours de vacances supplémentaires?!!" Les gamins, du Faubourg ou bien d'ailleurs, sur le sujet, il ne faut pas chercher de différence, même s'ils aiment l'école, ils plébicitent les jours fériés!

L' adolescence déplace les centres d'intéret et durant cette période, ceux du Faubourg s'orientaient naturellement vers les jeux d'eaux, la baignade dans l'Orb . "Notre point favori se situait après la Plantade, au BOEC, le club nautique. Depuis le vieux quartier cela faisait une trotte et la solidarité juvénile avait alors la forme d'une mobylette que son généreux propriétaire mettait au service du collectif en organisant un service-navettes. Un sacrifice louable qui n'accordait au convoyeur aucun répit et à l'ultime convoyé...que les cinq dernières minutes de trempette, avant de prendre le chemin du retour!"