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Un passé, un regard, un échange

Le Faubourg

  IL était une fois...le Faubourg

          Longtemps le Faubourg a exercé sur ma naïve perception juvénile une étrange fascination. Blottie frileusement au pied des remparts de l'impressionnante cathédrale St.Nazaire, hors de la bienveillante enceinte citadine, la ville basse projetait sur moi la double image paradoxale de fragilité et de force. Désignée avec condescendance comme banlieu pauvre – allusion à ses modestes habitations marquées pour beaucoup par la folie destructrice de la guerre -- elle offrait, lorsqu'on quittait les façades cossues du centre ville pour emprunter à pied la pittoresque descente pavée de Canterelle, une vision d'un autre temps. Contraste saisissant accentué par l'architecture sobre, quasi austère, de l'église St.Jude et celle massive et étirée du Pont Vieux. Le quartier reste dans ma mémoire indissociable de l'Orb. Un attrait irrésistible et à la fois terrifiant, où l'éblouissante beauté des feux d'artifices du 14 juillet, les flonflons de la fête du 7 août, les combats aquatiques des jouteurs se dissipaient lors des hurlements lugubres de la sirène durant les fortes précipitations d'automne. le quartier était en alerte!! Mon père me conduisait alors vers le plan de St. Nazaire qui s'ouvrait sur le spectacle hallicinant de gens surpris par la furieuse montée des eaux boueuses du fleuve et regroupés fiévreusement sur le toit de leur maison, dans l'attente des secours. Les inondations : un lourd tribut courageusement payé, parfois deux fois la même année, par les résidants du faubourg. Un malheur et une angoisse ressentie par toute la population biterroise. Mais de là, peut-être dans l'adversité, s'est forgé le caractère courageux et solidaire ainsi que l'attachement témoigné au Faubourg de ceux qui l'ont habité ou l'habitent encore.1934 . Lorsque son père, cheminot, décide de quitter AGDE pour le Faubourg de BEZIERS, Henri n'a que 2 ans. Un peu plus plus tard, la famille déménage de la rue des St.Simoniens pour celle, à deux pas, de l'Abreuvoir,qu'elle occupera jusqu'en 1941. La municipalité ayant ordonné l'évacuation du quartier par crainte des bombardements, la famille P. émigre dans le Cantal, à St. FLOUR, où la mission paternelle d'entretien de la voie ferrée sur la ligne BEZIERS-NEUSSARGUES la tiendra à résidence jusqu'à la fin de la guerre. Retour en 1945 dans le quartier biterrois, cette fois rue des Tanneurs. Un bail de 10 ans dans le giron familial que le jeune Henri dénoncera symboliquement pour convoler en justes noces avec la charmante Francette et installer leur nouveau foyer... au Faubourg! " De la rue de l'Abreuvoir, raconte Henri, on apercevait l'Orb et amarré entre les ponts vieux et neuf, le bateau-lavoir sur lequel les femmes du quartier blanchissaient et étendaient leur linge. Durant les fêtes, le fleuve était envahi par une kyrielle de frêles embarcations ornées de pavillons multicolores et superbement illuminées la nuit. Les inondations?...Oui, bien sûr elles nous faisaient peur. Je me souviens que l'eau arrivait dans le couloir de notre logement situé au dessus de l'impasse du Courédou!". Les commerces de l'époque se cantonnaient essentiellement à l'intérieur de minuscules boutiques, souvent mal éclairées ou bien se pratiquaient de façon ambulante. "BILLARD, le maraîcher, livrait pendant la guerre ses patates à l'aide de chevaux qui en s'échappant parfois dans les rues, semaient la terreur parmi les passants. Le boucher- chevalin BONNES avait une écurie à Canterelle et caracolait fièrement dans une carriole tirée par un petit canasson. Les ménagères allaient le soir, rue des St.Simoniens, acheter le lait frais du petit-déjeuner du lendemain à l'étable du laitier BABY qui possédait quelques vaches. A l'angle de Tourventouse MONCET avait ouvert sa boutique de réparation et vente de cycles."

Francette enchaîne: "Au kiosque à journaux, en bas de Canterelle, avec une amie, nous achetions à deux, par souci d'économie, notre feuilleton quotidien que nous dévorions à tour de rôle. Le matin, les enfants passaient sous le pont merdeux pour se rendre à l'école de garçons Voltaire ou Georges Sand, pour les filles"... (à suivre...)

 

 

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